Le ravitaillement, c'est important. Il était impensable et inconcevable pour Nuggy de laisser ses petits poussins avec à peine de quoi tenir quelques jours ! Et si ils pouvaient vivre d'amour et d'eau fraîche et surtout du petit jardin qu'ils entretiennent quotidiennement, parfois, il était nécessaire d'aller un peu plus loin pour trouver d'autres produits frais dont la nature regorge si on sait les débusquer et les reconnaître.

Elle aurait aimé aller jusqu'à la mine des nains, un peu plus loin, mais MONSIEUR l'âne ne voulait pas la laisser aller toute seule. Mais MONSIEUR l'âne était occupé à autre chose aujourd'hui alors elle allait devoir se contenter de flâner avec ses deux paniers et d'espérer de trouver de quoi les remplir. Herbes ajoutant de l'arôme et de nouvelles saveurs ou des fruits venant d'arbres dans certains coins de la forêt.

Ce qui était sûre en tout cas, c'est qu'elle ne s'attendait absolument pas à croiser un énergumène comme celui-ci, l'air un peu débraillé – voire hébété, mais elle ne sait pas reconnaître tout ça – et louche. Il venait d'où ? Ses vêtements ne lui disaient rien et son sourire charmeur ne présageait absolument rien de bon. Surtout que notre coq était encore un peu agacé après cette altercation avec son ami l'âne qui était, il fallait l'avouer, têtu comme une mule.

Elle a un pas de recul, au cas où il chercherait à lui voler ses paniers pleins. Il était hors de question de partir sans, il y avait trop de gens qui comptaient sur elle – oui, trois c'est énorme – et c'était sa mission. Que serait le Coq s'il ne remplissait pas sa mission ?

Il commence à monologuer, voyant que la demoiselle était apparemment trop timide pour parler. Elle ne comprenais pas grand chose de ce qu'il déblatérait. Il parlait fort, vite et c'était trop brusque pour elle, qui chérissait tant le calme et la béatitude. Elle ne pouvait pas lui répondre, déjà parce qu'elle avait les mains prises et qu'elle ne voulait lâcher ces paniers d'osier pour rien au monde et parce que vu l'air idiot qu'il arborait sur le visage, elle doutait très fortement que cet hurluberlu soit capable de comprendre le langage des signes.

Au moins, elle lui accordait du temps pour l'écouter, faisant des petits pas en arrière pour essayer de s'esquiver de cette conversation qui semblait n'avoir ni queue ni tête. Surtout qu'elle ne savait absolument pas comment elle allait réussir à se faire comprendre.