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"Tap Tap Tap" font mes pas

Si je reprends depuis le début, je m’étais réveillé dans une baignoire inconnue, remplie d’une eau glacée, dans une salle de bain humide et froide, et dont le nettoyage devrait se faire plus souvent, à mon gout. Après avoir réfléchi longuement sur le « qu’est ce que je fais dans une baignoire ? », je m’étais demandé s’il ne vaudrait pas mieux pour moi de sortir de là. Finalement, la babiole de ce fichu prince allait mettre utile, pour sortir d’ici. Mais il me fallait pour cela prévoir un plan. Une fois dehors, il me faudrait être totalement sec pour avoir des jambes, et vu la température ambiante, j’allais choper la crève. J’avais ainsi repéré les placards de la salle, en priant intérieurement qu’elles contiendraient des serviettes. Par la suite, il me faudrait trouver des vêtements, parce que bon, si je croise quelqu’un d’autre, nu comme un ver, cela n’allait pas le faire, mais alors pas du tout. Surtout que je ne pourrai plus parler. C’est toute une expédition cette affaire.

Écoutant attentivement le moindre son qui pourrait se faire entendre, seul le silence retentissait dans mes oreilles. Le bâtiment avait l’air désert, ou immense, mais dans tous les cas, abandonné. M’appuyant sur mes bras, je me glissant hors de la baignoire, pour m’aplatir face contre terre sur le sol. Avoir une queue de poisson n’était vraiment pas pratique, quand on était hors de l’eau. Mes esprits retrouvé, je rampai telle une larve sur le sol glacé se la salle de bain vers le placard repéré plus tôt. Le bras tendu, je l’ouvris, et y tira le bout d’une serviette afin de la dégager de la pile où elle était rangée. Au final, je fus enseveli sous un tas de serviette et autre produit, ayant tout emporté par la même occasion. Le calme que j’avais réussi à garder jusque là s’envola telle une mouche que l’on tente d’écraser. Je pestais rageusement tandis que je faisais voler à l’autre bout de la salle tout ce qui n’avait rien à faire sur moi. Maintenant recouvert de divers liquide que j’apparenterais à du shampoing et autre savon ou parfum, j’essayais de retirer le tout avec la multitude de serviette que j’avais maintenant à ma disposition.

Je détachai le fin collier de mes cheveux, afin de l’enfiler. Je sentais déjà ma voix disparaitre, pour devenir muet comme une pierre. Qu’est ce que je pouvais détester ça ! Ma queue de triton disparaissait pour devenir ces deux jambes humaines auxquelles je n’étais plus habitué. Je m’étais à genoux, afin de m’y habituer peu à peu, tout en enroulant une serviette sèche autour de ma taille. J’espérais trouver des vêtements dans une autre salle, parce que je me voyais mal me promener comme ça. Titubant sur mes pieds, j’ouvris la porte de la salle de bain, qui débouchait sur un long couloir. Cela me faisait penser légèrement au château de mon prince. Avait-il eu l’idée de me kidnapper ? Non, ce n’était vraiment pas le même décor. Chez lui, cela grouillait de personnes en tout genre. Ici, c’est définitivement vide.

M’appuyant contre le mur, je longeais ce long couloir. Je n’entendais que le bruit de mes pas sur le sol, et n’y voyait qu’à quelques mètres plus loin. Mais où est-ce que j’étais encore tombé moi ?

Je sors des cuisines où je viens de réussir à manger quelque chose et surtout où je viens de quitter Belle qui vient de partir à ma recherche. En sortant je me retrouve de nouveau dans ce couloir glauque et sombre. Pire que chez moi je dirais... J'espère que cet écervelé va prendre soin de lui, je n'ai pas envie de voir un de ces charlatant de docteurs chez moi. Je me dirige alors dans la direction d'où je venais, je ne sais pas trop où je vais ni ce que je cherche mais je finirais bien par tomber sur quelque chose. Il y a forcément un moyen de sortir d'ici. De toutes façons Belle va venir me chercher et je vais bientôt rentrer chez moi dans MON manoir...

En marchant, avec ma démarche noble, ma stature glaciale et mon regard de tueur, je ramène mes cheveux en arrière fermant un instant mes yeux violets le temps de laisser glisser mes doigts dans ma longue et souple chevelure ébène. Il faut dire que vu l'ambiance, la seule chose qui dois ressortir de ces murs doit être mon teint pâle. Il a suffit de cette fraction de seconde pour constater que je viens de frôler un truc inhabituel. Je m'arrête, rouvre les yeux et laisse mes cheveux se libérer. Je fais alors trois pas en arrière et tourne ma tête sur ma gauche. Je constate qu'un petit gars à moitié nu traine dans les couloirs.

Je reste un peu perplexe bien que je le regarde de haut, et dans tous les sens du terme. C'est qui lui ? D'où il sort ? Je suis pas tout seul alors ? C'est surement pas ce truc là le maitre de maison. Et puis merde mais pourquoi je suis là moi, je déteste les autres ! C'est bien ma veine tiens... Va falloir que je fasse un truc. Si je continuais mon chemin ? Il peut me renseigner ? Je tente alors une simili-approche.

"'lu." dis-je sans autre forme de procès. "Tu peux me renseigner ?"

Vu sa tête, à mon avis, et de toutes façon, il n'a pas l'air de vouloir parler ou alors il se paye complètement ma tête. Devant cela je reprends ma route comme si de rien était, laissant ce nudiste derrière moi, toujours avec mes airs supérieurs et arrogants. C'était qui ça ? Un Marchen ? Je devrais sortir plus souvent. Non. Je ne devrais plus jamais sortir de chez moi en fait. Je lance alors une légère reproche d'un air dédaigneux.

"Tu devrais éviter de faire du nudisme tu va te faire violer."

"Tap Tap Tap" font mes pas

Toujours appuyé contre le mur à cause de mes jambes encore tremblantes, je vis arriver près de moi un grand bonhomme, à l’apparence assez singulière on pourrait dire. Au moins, je n’avais pas mis longtemps à trouver quelqu’un, en fin de compte, même si cette étrange personne n’avait pas l’air très commode avec son air supérieur et froid. En fait, il me faisait vraiment froid dans le dos. Je ne savais pas que ce genre de personne pouvait exister. Mais après tout, je ne connaissais que peu le monde extérieur. Je suis plus habitué aux poissons et autres mollusques. C’est donc avec de grands yeux que je le regardais m’adresse la parole. Et dire que je ne pouvais plus parler.

Il me demandait des informations. Comme c’est marrant, j’aurais put lui demander la même chose. Tout en faisant la grimace, je lui fis signe que non, je ne pouvais absolument renseigner personne. De mes doigts, je fis une croix sur ma bouche, afin d’essayer de lui faire comprendre que je ne pouvais pas parler. Je continuais avec un signe de tête vers lui, pour voir si lui avait des informations. Mais d’un coté, je doute qu’il puisse comprendre quoique ce soit. Mais si j’enlevais cette babiole que j’avais autour du cou, ce serait le retour de la queue de poisson, et dans un couloir, cela ne serait pas forcement mieux.

Ce drôle de personnage me parla par la suite de nudisme. Comme si je le faisais exprès ! Vous croyez que cela me fait plaisir d’être tout nu ? J’ai froid moi, je vous signale ! Ma seule réponse fut une mine boudeuse, mes bras croisé, et je lui tournai le dos. Mais d’un autre coté, je ne voulais pas qu’il s’en aille. Aucune envie de rester tout seul maintenant. Si j’ai la trouille ? Meuh non voyons, pas du tout. C’est juste que c’est plus sur d’être à plusieurs. Sauf si cet individu essaye de me manger… Mais il ne ferait pas ça quand même ? Si ? *gasp*

Lui tournant toujours le dos, je me demandais où je pourrais trouver des fringues, afin de ne plus passer pour un cinglé nudiste. Et puis pourquoi je me ferais violer moi ? C’était quoi cette allusion ? Ce grand bonhomme ne serait pas un pervers quand même… Quoiqu’ici, je n’étais plus sur de rien.
Je me retournais une nouvelle fois vers lui, ma moue boudeuse toujours sur le visage. Essayez de lui faire comprendre quelque chose dans mon état. Me montrant du doigt d’une main, j’essayais de l’autre de mimer le poisson. Franchement, je devais avoir l’air parfaitement ridicule. Je veux rentrer dans mon océan bien douillet ! Là bas, je suis pas pris pour un fou. J’étais même bien respecté, avant cette histoire avec l’autre prince. Je l’avais peut être cherché, à toujours vouloir voir des choses du monde d’en haut, mais au point de finir à poil dans un grand couloir avec un monstre devant moi, non merci !

Le gamin a bien l'air agité dans mon dos. Alors qu'il fait des gestes plus improbable les uns que les autres, je suis en train sérieusement de me demander s'il ne se fiche pas de moi avec ses grimaces. Je me retourne en soupirant.

"Écoutes-moi le ver de terre, j'ai pas le temps de jouer avec toi et pas de temps à perdre, alors si tu a quelque chose à me dire dit le moi au lieu de joue au devinettes."

Je suis d'un humeur massacrante depuis que j'ai quitté Belle, à peine m'a t-il laisser qu'il me manque déjà, vivement qu'il arrive, en espérant qu'il est encore possible de sortir. Peut être sera t-il passé au village voici pour récupérer la gazette et qu'avec un peu de chance il aura plus d'informations. A moins que ce truc ne soit un habitant du château et que je ne soit vraiment tout seul ici. Je soupire en pensant que finalement Belle n'es pas de si mauvaise compagnie... Je n'aurais peut-être pas dû le traiter comme ça, mais je n'avais pas vraiment envie qu'il parte.

L'homme en face de moi continu ses mimiques et le calme me quitte brusquement pour que je me change en bête assoiffé de sang. Enfin si on veut. Je lui "saute à la gorge", ou plutôt je me jette sur lui et l’attrape par la gorge d'une main. Le souffle haletant sous l'effet de la colère je lui susurre des mots dans lesquels on ressent toute ma perte de patience caractéristique. Pendant un bref instant je me dis que malgré tout ce qu'il m'a pourrit l’existence, et c'était parfois pire que maintenant, je n'ai jamais levé la main sur Belle.

"Maintenant t'es mignon et tu va m'expliquer ce qu'il se passe avant que je ne perde vraiment patience. Alors arrête de te payer ma tête l'avorton..."

J'essaye de garder mon calme en respirant profondément et je relâche ma prise en me disant qu'il faut vraiment que j'arrête ou je finirais par tuer quelqu'un. Je me souviens maintenant pourquoi j'avais décidé de vivre en Hermite... Mes yeux sont plein de rage, mais je reste extrêmement froid et insolent dans mon attitude. Je crois que je peux le dire, cette fois c'est bien vrai "Je suis un monstre" et j'en ai l'air. Je recule de quelques pas, toujours en fixant l'homme-nudiste en face de moi. Sa peau était gelée. Qu'elle idée saugrenue que de faire du nudisme pas un temps pareil, à cette période de l'année, dans un château mal isolé ? Il ne doit pas être finaud-celui-la... Déjà qu’il ne parle pas... Il ne comprend peut-être pas ma langue...

Invité

Belle chemina en quelques minutes vers le village le plus proche. Il manqua plusieurs fois de peu de tomber de sa monture, mais il était accroché à sa crinière et bien décidé à ne pas ralentir. Il ne voulait pas rester seul, et pour dire vrai, il lui tardait de revoir ce acariâtre de Beast. Ne serait-ce que pour lui mettre une gifle, pour l'engueuler de lui avoir caché si longtemps la vérité sur son arrivée chez lui. Le cheval était rapide, et les chemins enneigés ne le ralentissaient que peu. Le vent était très froid. Glacé même. Mais il n'avait pas le temps de se lamenter. Et puis, ses mains étaient un minimum protégé par ses gants, alors, il pouvait continuer à diriger maladroitement son cheval. Il sauta de son dos arrivé en ville, attachant sa monture prestement, se dirigeant vers l'auberge pour obtenir des renseignements. C'était le lieu de tous les ragots.

Son entrée fut remarquée. On l'appela « mademoiselle ». Il n'y fit même pas attention. Il posa rapidement les questions auxquelles il devait avoir des réponses. On lui tendit la gazette, qu'il parcourut rapidement. Il pesta. Il n'était pas du tout au bon endroit. Il devait trouver ce fichu Gepetto. Il remercia l'aubergiste. Et reprit sa route. Moins vite, il devait ménager sa monture pour ce long trajet. Cette relative lenteur lui permit de sortir son miroir. Il devait parler à Beast. Le tenir au courant de ses découvertes.

Il plaça le miroir face à lui. Chuchotant son prénom convulsivement. Presque passionnément. Cette attitude le surprenait. Elle lui échappait totalement. Mais le résultat fut qu'il vit rapidement Beast. Et la chance voulait que dans le couloir où il se trouvait : chaque porte possédait une poussiéreux miroir. Aussi il put voir Beast, saisissant un pauvre malheureux, peu habillé... Alors que celui-ci faisait désespérément des signes. Belle étant plus vif d'esprit que Beast, il comprit que cet homme avait sans doute des soucis pour s'exprimer, ou était alors carrément muet. Belle avait déjà croisé un paysan muet, et s'était habitué à converser avec lui plus jeune. Il réagit donc au quart de tour en voyant Beast si agressif avec lui !

« Beast ! Vous êtes devenu fou ou complètement stupide ?! Lâchez le! Il ne vous a rien fait ! » cria donc le miroir.

Oui, cela perdait pas mal d'impact... Il ne pouvait pas les séparer, et il pouvait encore moins mettre une gifle à Beast pour lui remettre les idées en place. Soit parce qu'il l'avait entendu, soit parce qu'il comptait le faire. Beast se recula. Belle eut un soupir. Il était exaspérant avec ses humeurs !

« Beast. Il ne sait rien. Personne ne sait rien parmi vous. Du moins, je crois. Vous êtes un certain nombre à avoir disparu, alors calmez-vous, bon sang ! Et au lieu de menacez ce pauvre garçon, aidez le ! Il est frigorifié, ça se voit d'ici ! »

Belle essaya de mieux voir l'autre garçon, et s'adressa d'une voix douce et calme à lui.

« Tu es muet ? Ou quelque chose comme ça ? Ne t'inquiète pas, je vais t'aider... Et Beast ne te fera aucun mal... Sinon, je ne remettrai jamais les pieds chez lui. »

Il fallait bien trouver des arguments pour forcer Beast à être plus coopératif...

"Tap Tap Tap" font mes pas

A peine la bestiole en face de moi haussa le ton que je compris qu’il n’avait absolument pas compris. Et misère. Je vais faire comment moi ? Et puis je n’étais pas un ver de terre, zut à la fin ! Je redoublais donc de signes étranges, mais… Je pense que cela l’énerva encore plus qu’autre chose. Pourquoi a-t-il fallut que je tombe sur un fou furieux. Seul point positif, peut être, était que lui aussi était dans le même cas que moi, version super vénère par contre. Comment s’en rendre compte ? Ho c’est assez simple à comprendre quand on voit la suite...

Ce gros bonhomme m’attrapa d’un coup à la gorge pour me plaquer contre le mur. Mais je n’avais rien demandé moi ! Pris par la gorge, j’en avais perdu mon souffle, et je sentais déjà la panique m’envahir. Je gesticulai en donnant de misérables coups de pied, face à la force brute de… de cette chose ? Mais il voulait que je lui explique quoi ? Je ne sais rien de ce qui se passe ici moi !en plus je parle même pas, on est bien tiens !

Surgit alors, de je ne sais où, une autre voix, interpellant le monstre apparemment, sous le nom de Beast. Il n’y a pas à dire, cela lui va très bien, ce nom. Celui-ci me lâcha, et je tombai sur le derrière, reprenant désespérément mon souffle. Ce n’est qu’après que j’examinais mes chances de filer en quatrième vitesse, d’un coté ou de l’autre du couloir. Je n’avais pas vraiment envie de rester dans les griffes de ce monstre.

Mais la voix repris. Ne pas voir mon interlocuteur me perturbait vraiment. C’était une voix douce et calme, qui semblait en savoir un peu plus sur ce lieu. Alors on n’était pas les seuls ici ? On était plusieurs ? Il a fallut que je tombe sur cette brute ?! Une brute à qui une voix fait la morale. Cela me semble bien compliquée cette histoire là, aussi. Peut être un homme invisible. Encore un peu tremblant, de peur d’un nouvel accès de colère de Beast peut être (faut dire que je n’ai pas l’habitude de la violence moi), je reprenais mes gestes, indiquant le collier que j’avais autour du cou, et à nouveau la croix sur ma bouche. Cela doit bien suffire pour comprendre que je ne peux pas parler à cause de ce machin non ? Mais je crois que je vais abandonner le geste du poisson. Trop dur à comprendre pour la chose. En même temps, qui pourrait comprendre cette histoire de poisson ? On ne rencontre pas des sirènes et des tritons par ici, je dois être la seule exception en fait…

Je regardais toujours autour de moi, espérant voir le propriétaire de la voix. Cette histoire me perturbait toujours. Mais si c’était quelqu’un de l’extérieur, il ne pouvait que nous aider. Lentement, je me remettais sur mes jambes, m’appuyant contre le mur et remettant cette serviette un peu en place. Ce problème de fringue est toujours là lui aussi d’ailleurs…

Pris par surprise toute marque de rage s'efface alors de mon visage et sous l'effet du choc moral je reste un instant immobile cherchant partout où il y avait un miroir avec d'enlever d'un geste vif et habille le drap du mur voyant alors Belle sur grand écran. J'ignore complètement le cornichon de tout à l'heure et me concentre uniquement sur Belle et l'interpelle d'un air surpris et presque ravi et heureux de le voir. C'est un rapide, cela fait à peine quelques heure qu'il est parti du château et je lui manque déjà ?

"Belle ?!" dis-je sans un souffle calme et presque langoureux.

Je reprends mes esprits et constate que j'ai encore fais un truc de travers puisqu'il est encore en train de me faire des reproches... Pour changer... Stupide... Non mais il ne se rend vraiment pas compte à quel point il était vip...

"Belle ! Ça va faire 10 ans que j'ai côtoyé personne et tu ne t'es jamais demandé pourquoi ?" je murmure à voix haute, pour moi-même, à voix basse dans un souffle. Cela m'a échappé.

Il ne sait rien ? Bah ça j'avais bien remarqué... Je lui lance un regard noir du coin de l’œil. En voilà un qui a eut de la chance. Mais... Deux minutes... Parmi nous ? Personne ? Belle sait quelque chose, il a du nouveau. Qu'a t-il appris. Je le coupe presque dans sa phrase.

"Que sais-tu ? Qu'as-tu appris ? Qui ça "nous" ?"

Tant de question à la fois pour n'avoir en retour qu'une nouvelle de ses leçons de moral... Je soupire et plus pour qu'il me laisse tranquille que pour lui faire plaisir, je me saisis du drap qui couvrait précédemment le miroir et le jette sur les épaule du nudiste. Nudiste qui, selon Belle, ne serait pas simplet, mais muet... Génial je ne parle pas le langage des signes et me montrer son coquillage et faire une croix sur sa bouche ne m'aide pas vraiment. Si ce coquillage l’empêche de parler qu'il le retire...

"Promis je lui fait pas de mal Belle calme toi..." Je me retourne vers le ver de terre "C'est ce collier qui t’empêche de parler ?" je demande d'un ton perplexe.

Oui calme toi, c'est moi qui dis ça... J'ai l'air de quoi moi à dire ça. Je vais me prendre le retour je le sens venir... J'attrape le collier de mon second "interlocuteur" et lui retire en le passant par dessus sa tête. Après ça s'il ne peut pas parl-... Ah bah voilà qu'il se casse la figure maintenant... Manquait plus que ça... Je veux bien croire que ce que je lui ai collé sur les épaules est un peu long mais de là à s'entraver dedans en étant immobile... Je regarde Belle l'air de dire, et c'est vrai, que je n'y suis pour rien, après tout je n'ai rien fais, je ne l'ai pas poussé, en plus j'ai été gentil je l'ai couvert...

"Qu'est-ce qui t’arrive ?" Je me retourne vers Belle comme pour me justifier, comme si je n'avais pas envie que lui pense que je suis un monstre alors que je le suis et que je le pense. "Je n'ai rien fait je n'y suis pour rien, il a qu'à être plus clair aussi..."

Je garde le collier dans ma main droite, sans l'abimer, parce que je suis réceptif aux objets inutiles qui peuvent avoir de la valeur, comme les roses par exemple. D'ailleurs, je ressens un peu la même aura magique qu'avec ma rose, ça doit être de vivre avec depuis neuf années.

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Belle ne fit guère attention au murmure de Beast. Il le nota juste dans un coin de son esprit. Se demandant bien pourquoi il avait employé ce ton bizarre pour le nommer. Mais ce n'était qu'un détail. Mais un détail qui inconsciemment lui réchauffait le coeur dans tout ce froid. Il y avait plus important. Rassurer ce jeune homme par exemple. Malgré les justifications peu convaincantes de Beast.

« Et bien en 10 ans, tu aurais pu apprendre à te contrôler ! Tu n'es vraiment qu'un rustre ! »lâcha-t-il, abandonnant son distant vouvoiement pour ce rapport de proximité, une chose assez nouvelle, étrange en sa bouche.

Mais il ne se concentrait que peu sur Beast. Se concentrant sur le garçon. Il avait l'air perdu. Fragile aussi, il ressemblait à cette porcelaine que Belle adorait casser aux pieds de Beast. Il était de faible constitution, et clairement, si Beast levait la main sur lui, il ne ferait pas long feu. Il ne devait pas avoir l'habitude d'encaisser les coups comme lui. Il semblait bien plus jeune. Bien plus innocent que lui. Et cela donnait à Belle l'envie de le protéger. Mais le protéger revenait surtout à le sortir de ce château étrange. Et cela semblait plus compliqué que ce qu'il avait d'abord envisagé. Alors il répondit à Beast.

« Apparemment, les disparitions sont multiples, il n'y a pas encore de liste, mais assez pour que tout le monde s'inquiète. Il semblerait qu'un scientifique puisse vous retrouver. Un certain Geppeto. Du coup, je suis parti pour la ville. Je dois le trouver. Mais la route risque de me prendre plusieurs jours. Surtout que je débute en équitation. Je t'ai emprunté un cheval, ça ne te dérange pas ? »énonça-t-il à Beast avec un soupçon de moquerie sur la fin.

Puis son regard retourna sur le garçon dont Beast s'approchait. Qu'est-ce qu'il allait lui faire ? Il n'allait pas le frapper ? Ni faire quelque chose dans ce genre ? Bon déjà, il avait compris qu'il ne pouvait pas parler et... Belle voulut lui hurler dessus, mais il fronça les sourcils. Effectivement, il n'avait rien fait. Juste lui ôter son collier. Ce qui avait produit sa chute, et... L'apparition d'une queue de poisson ? Belle voyait mal de là où il était mais il discernait quelque chose de ce genre.

« Bravo Beast. Je ne sais pas ce que tu as fait, mais cela ne m'a pas l'air fameux. »rétorqua-t-il en essayant de mieux voir le garçon. « Tu vas bien ? Tu ne t'es pas fait mal ? »demanda-t-il inquiet au jeune homme.

Il regarda aussi devant lui. La neige commençait à tomber à nouveau. Il remonta sa capuche sur sa tête et resserra sur son cou son écharpe. La route allait vraiment être longue. Il appréhendait de mettre trop de temps. S'il arrivait trop tard ? Si la vie de Beast était menacé ? Il ne se pardonnerait jamais un échec de la sorte. Il fit accélérer son cheval, s'accrochant à sa crinière.

« Beast, qu'est-ce qui se passe, je vous vois mal... »

"Tap Tap Tap" font mes pas

Beast retira le drap qui recouvrait un miroir, et apparut alors le visage d’un homme. Depuis quand est-il là lui ? La bête reporta son attention sur cet homme, m’oubliant un moment, à la bonne heure. Entendre ce nouveau venu faire la morale avec ce grand bonhomme me fit presque sourire, je dis bien presque, parce que ma situation ne le permettait pas vraiment. Peut être dans un élan de gentillesse, ou obéissant au dénommé Belle (drôle de prénom pour un homme), il me recouvrit les épaules avec le drap du miroir. Je m’emmêlais déjà dedans, afin d’avoir moins froid et de ne plus passer pour un nudiste. J’allais me rapprocher du miroir, quand Beast me posa une certaine question sur mon collier. J’approuvai de la tête, évitant de mettre la bête en colère une nouvelle fois en évitant de lui répondre. Je sursautai alors qu’il me prenait le collier pour me le retirer, mais, trop tard. Mais jambes se faisaient la malle, et je m’étalai par terre la tête la première en un léger crie. Je ne m’y attendais pas vraiment à ça. Me retrouver en poisson au milieu d’un couloir. Mon surnom de ver de terre commençait à se justifier ma parole !

Je me retrouvais donc avec une queue de poisson, ma forme d’origine, emmêlé dans un drap, par terre. Je me relevai sur mes coudes, mais je me voyais mal avancer maintenant, surtout que j’allais vite me sentir mal, hors de l’eau. Me retournant comme je pouvais, je finis par m’assoir sur le carrelage du couloir. J’agitais le bout de ma queue, faisant la moue par la même occasion.

« Il se passe que je ne peux pas marcher sans ce collier ! » Me plaignis-je en me frottant mes yeux avec ma main droite. Mais au moins, je pouvais me présenter maintenant ! Si je ne me fais pas bouffer avant. Je relevai la tête afin de regarder le monsieur du miroir, que je pouvais enfin voir de plus prêt. Belle ressemblait vraiment à une femme, pour tout dire. Si je n’avais pas entendu sa voix, j’aurais commis l’erreur de l’appeler mademoiselle.

« Je m’appelle Ariel, je suis un triton, et non, je ne sais absolument rien de ce qu’il se passe ici ! »

Ma dernière phrase, assez rancunière, était plutôt destinée à Beast, que je regardais du coin de l’œil.

« Et vous, vous êtes qui ? Il se passe quoi exactement ? On est où ? »

Au moins, je pouvais poser mes questions maintenant. Et j’avais intérêt à avoir quelques réponses, même si eux même semblaient ne pas savoir grand-chose. Parce que cette affaire me semblait bien louche quand même. Mais pourquoi a-t-il fallut que cela tombe sur moi, un triton ? Surtout que je ne connais pas grand-chose à leur monde moi ! Je n’ai rien à faire ici après tout ! Je suis fait pour vivre dans l’océan au départ. En plus, je ne vois pas trop comment je pourrais les aider ces deux là.

Une nouvelle fois forcé de constater que ce n’est vraiment pas ma journée, quoi que j’aie un Belle en grand format en face de moi, mon ver de terre tiens finalement plus de l'anguille que du ver de terre... Je soupire une nouvelle fois... Je n'arrive même plus à avoir l'air méchant alors que Belle ne peux PLUS casser ma vaisselle... Génial ! Le mollusque ne peut pas marcher sans son collier mais il ne peut pas parler avec. Je lui lance son collier de manière à ce qu'il le rattrape, à moins qu'il n'ait les doigts assortis à sa queue. Et puis pas fameux, pas fameux, au moins il parle... Et puis Ariel... Ariel quoi... Il s'appelle Ariel...

"Ariel... C'est pas un nom de fille ça Ariel ?"

D'un coup entre Belle et Ariel je me sens presque cerné, à l'exception près qu'il a fallut que je termine ma phrase pour Ariel pour que je me souvienne de ce détail pour Belle. L'habitude en somme. Et bien sûr qu'il ne sait rien, Belle vient de le dire et il a l'air encore plus paumé que moi... En fait c'est rien de le dire mais des 3 c'est Belle, qui n'est pas là, qui en sait le plus. Geppetto... Geppetto. Ce nom me dit qu'elle chose... JE reste pensif et perplexe un instant essaye de retrouver une information dans ma mémoire. C'est ce fou furieux d'inventeur à la noix ! Il n’a pas la réputation d'un enfant de cœur ! En plus Belle ne sait pas monter.

"Belle arrêtes-toi ! Tu ne peux pas aller voir ce mec il est complètement fou, c'est dangereux d'y aller seul ! En plus tu ne sais pas monter et tu prends Sultan ! Tu n'aurais pas pu prendre un cheval calme ! J'ai plein de chevaux et de tous il faut que tu prennes celui-là ! Tu es inconscients !"

Pour certainement la première fois je viens d'adresser des paroles purement et clairement d’inquiétudes à Belle, sans autre reproche que celle de mettre sa vie en danger. Je soupire, sachant que son entêtement dépassera surement tout entendement et qu'il est un peu tard pour ça... J'écoute d'une oreille la question de "Ariel".

"Je ne sais pas où on est, je ne sais pas comment sortir d'ici, et tu n'as certainement pas envie de savoir qui je suis. Mais soit. Je suis Beast, une sorte de Prince maudit qui ressemble plus à une monstre comme tu as pu le constater."

Je soupire de nouveaux en fermant les yeux. J'ai vraiment envie de rentrer j'en ai marre de cet endroit glauque... C'est pire que chez moi et au moins chez moi ce n'est pas si froid et lugubre, il y a du feu dans la cheminée en cette période de l'année, il y a des gens qui vivent, les poussières sont faites et on entend Belle me crier dessus à des kilomètres, alors que c'est sensé être moi le dictateur. Je commence alors à voir un flou blanchâtre sur le miroir, Belle viens de mettre sa capuche et il m'a semblé voir de la neige.

"Fait attention à toi Belle, tu devrais te mettre à l’abri et attendre qu'il s'arrête de neiger, en plus tu est en train d'embuer ton miroir on ne voit plus rien..." Je me tourne vers le poisson et plaisante avec ironie et sarcasme "J'espère que les eaux donc tu viens sont plus chaudes."

Invité

Ariel... Joli prénom. Mais lui aussi avait dû subir quelques brimades sur son prénoms, à moins que les tritons soient plus ouverts d'esprit. Belle étouffa un juron en entendant la remarque de Beast. Il portait un nom de fille, et alors ? Il n'était pas encore habitué à ce genre d'excentricité avec lui ? Après tout, il ne l'avait jamais appelé Eli malgré toutes ses demandes. Et il se permettait une remarque ? C'était n'importe quoi. Au moins, il savait à présent que ce jeune homme avait effectivement des nageoires. C'était la première fois que Belle voyait un individu de cette espèce. Enfin, discernait au travers de la buée. La neige semblait se stabiliser. Il pourrait continuer sans trop de risque.

« Pour ma part, je m'appelle Belle, mais tu peux aussi m'appeler Eli si tu trouves que ça fait plus garçon, et que ça te gêne les prénoms de fille. Et il semblerait que vous soyez les victimes d'un kidnapping massif et magique. Je ne vois pas d'autres explications. Et où vous êtes reste un mystère. »répondit-il doucement au jeune homme.

Belle fit repartir Sultan plus rapidement. Il ne savait pas pourquoi, mais le cheval restait docile, répondant à ses manipulations maladroites. Il ne comptait pas rebrousser chemin. Pas avant d'avoir fait une partie du chemin, avant d'avoir parcouru au moins la moitié du trajet. Il ne pouvait pas se permettre de se reposer sur ses lauriers. Qu'importait les dangers.

« Beast, je ne suis plus un enfant. Je peux très bien me débrouiller, même seul face à un fou. Et puis, je ne comptais pas y aller seul. Et Sultan m'obéit très bien, alors laisse moi gérer la situation ! Tu n'es pas mon père ! »lâcha-t-il avec énervement, insistant sur la dernière phrase.

Il en avait assez de son attitude. Il était en danger, Belle ne pouvait pas se permettre de perdre du temps. Il était urgent de les retrouver. Et puis, il ne risquait pas grand chose, au pire, il devrait marcher à côté de son cheval, rien de dramatique. Il avait vu pire. Aussi son ton se fit encore plus froid et énervé aux affirmations de Beast.

« Vous n'avez pas besoin de me voir ! Il suffit de m'entendre ! Et puis, je ne vais pas me tourner les pousses dans une auberge, alors que tu risques peut-être la mort ! Alors arrête de me croire plus en danger que toi ! Alors laisse moi, si je ne viens pas te chercher, j'ai peur d'être seul dans ton manoir à mon retour... »déclara-t-il, sa voix se faisant moins vive et plus triste à chaque phrase.

Il avait froid. Sa voix tremblait légèrement. Son pantalon était trop fin, il avait les jambes pétrifiées, et ses doigts commençaient à s'engourdir, bientôt, il aurait autant d'allure et de grâces qu'un ornithorynque ! Il se concentrait sur le miroir pour oublier tout cela, pour ne pas perdre le contrôle sur son esprit. Il savait que la pire chose à craindre par ce froid, c'était de s'endormir....

"Tap Tap Tap" font mes pas

Un nom de fille ? Non mais de quoi je me mêle ? L’autre mec s’appelle bien Belle non ? Ce n’est pas mieux ! De plus, Ariel est un prénom mixte ! Chez nous les poissons, les prénoms mixtes sont très courants ! Je réaffichais ma moue disgracieuse pour lui répondre, lui tirant la langue par la même occasion.

Belle se présenta alors, me proposant de l’appeler Eli. J’aimais bien moi Belle… Cela sonnait mieux qu’Eli. Et il était le seul à nous apporter plus de détail sur notre situation, sans être là. Un kidnapping massif et magique… De plus en plus étrange cette affaire moi je dis. Et surtout, pourquoi toute cette affaire ? Qui a provoqué tout ça ? Et pourquoi ici ? Rha, j’ai encore plus de questions dans la tête maintenant.

Beast se présenta comme une sorte de prince maudit. Maudit par son apparence peut être… C’est ce qui devait lui donner ce caractère de cochon. Alors qu’il se chamaillait avec Belle sur la question du « qui est le plus en danger ? », la bête tenta une plaisanterie sarcastique. Je sens vraiment qu’il ne va pas me plaire celui là. Mais c’est toujours mieux que de rester seul dans un endroit inconnu. Si on est plusieurs, il faudrait peut être se regrouper, d’ailleurs, non ?

« Oui, chez moi il fait bien plus chaud, si tu veux savoir ! En tout cas, il ne fait jamais en dessous de zéro, comme ici on dirait… »

J’étais à mon tour sarcastique envers lui. En même temps, il avait essayé de m’étrangler un peu plus tôt. Je me voyais mal être agréable avec cette sorte d’individu. Mais il me fallait aussi éviter de le fâcher à nouveau. Quand Belle ne sera plus là, j’aurais intérêt à me tenir à carreau. On ne sait jamais ce qui pourrait arriver. Ennemi ou ami, je préféré l’avoir avec moi que contre moi.

J’hésitai à remettre mon collier tout de suite. Entre marcher ou parler pour le moment, je ne savais pas ce qui serait le mieux. Je me voyais mal retirer cette satanée chose juste pour répondre à une question. Il faut dire que c’est assez désagréable de sentir la partie basse de son corps changer ou se diviser.

« Dites, vous avez encore besoin d’un renseignement, ou je peux me remettre debout ? »

En fait, j’avais l’impression qu’ils étaient occupés entre eux, et m’avaient légèrement mis de coté. C’est assez compréhensible s’ils se connaissent, mais je me sentais de trop entre cet étrange couple. Toujours dans mon drap, je soufflai sur mes mains pour les réchauffer. Le froid n’était vraiment pas fait pour moi, et je sentais que j’allais finir en poisson congeler sur ce carrelage. Et un sushi, un ! Pour du poisson frais, ça sera frais ! Une queue de poisson, c’est fait pour être dans l’eau. Sérieusement, personne n’a pensé à chauffer ce château, si c’était pour nous enfermer dedans ? Je vais me plaindre pour maltraitance !

Belle est complètement fou. En plus je m'inquiète pour lui et il me renvoi paitre. Quel culot je vous jure. Et l'autre qui se plein en plus... Il faut que je calme Belle, il va se faire mal, si il tombe de cheval et que Sultan rentre à l'écurie il va avoir se sérieux ennuis. Mais avant je vais retirer une épine du pied, ou plutôt de la nageoire de "Ariel".

"Comme apparemment t'es au courant de rien tu fais ce que tu veux... Mais à ta place je resterais là, a mon avis t'es pas dans la bonne direction, là bas c'est les cuisines..."

Je me retourne vers Belle que je vois tout juste, que je commence à moins bien entendre et dont l'image n'est pas stable avec les secousses de l'étalon. L'étalon étant Sultan et non Belle... Mais bref, il faut que je lui fasse entendre raison.

"Belle, tu crois vraiment que si tu tombe de cheval tu sera utile à quelque chose ? Sois raisonnable et fait une halte le temps que la tempête de neige se calme ! Je fais quoi moi si il t'arrive quelque chose ? Je reste enfermé ici ? Non mais sérieusement, au lieu de foncer dans le tas tête baisser prend le temps de réfléchir et sois prudent. Il y a assez de problèmes comme ça tu ne crois pas ? Si tu tombe Sultan ne va pas t'attendre sagement ! En tout cas il y a peu de chance et en plus tu va te faire mal !"

J'ai un regard en coin à Ariel comme si j'attendais qu'il confirme mes craintes et mes conseils... Même si un poisson d'eau chaude n'y connait certainement rien en équitation ou en climat en fait... Je reprends donc mon débat avec Belle.

"Maintenant tu va m'écouter et faire ce que je te dis ! Ne t'inquiète pas pour moi, je te rappelle que j'ai été Prince et que je sais me défendre tout seul ! Alors t'es gentil et tu fait un peu attention à ce que tu fais, je ne suis pas là pour aller te ramasser !"

Je soupire comme blasé, j'ai l'impression de parler dans le vide, je ferme les yeux et, toujours les bras croisés, je reprends d'un ton calme et serein.

"Si dans 2h je n'ai pas de tes nouvelles, si jamais tu es toujours vivant, je viendrais te chercher et je t'assassinerais pour m'avoir inquiéter alors que j'ai autre chose à faire." Je marque une pause. "Maintenant, je vais emmener le gosse dans les chambres à l'étage, a mon avis il ne va rien trouver pour se vêtir en allant aux cuisines..."

Je regarde le miroir avec un regard profond et sincère, bien qu'ayant toujours cet air sérieux et nonchalant qui ne me quitte plus depuis plus de 9 ans. Je reste quelques seconde à le regarder dans les yeux comme pour essayer de faire passer un message puis lui adresse ces dernière paroles à voix baisse dans un soupire en essayant d'avoir l'air désintéressé de son sort, ce qui me semble un peu raté :

"Prends soin de toi..."

Invité

Belle entendait de moins en moins distinctement les mots de Beast. Sans doute parce que le miroir se recouvrait de neige malgré ses essuyages rapides et rapprochés du petit objet. Mais rien n'y faisait. Les conditions étaient contre eux. La communication était vouée à l'échec, lentement, mais sûrement. Il réussit à peine à déchiffrer les paroles d'Ariel. Il ne prit pas la peine d'y répondre. On ne l'entendrait peut-être même pas ! Alors, il n'en fit pas l'effort. Se contentant d'écouter. Et se fulminer. Il savait très bien que Beast avait raison. Mais il ne pouvait pas l'admettre ! Bon sang, il allait devoir attendre et croiser les bras ? C'était tellement frustrant ! Tout ça à cause de quelques flocons de neige ? Vraiment, c'était... Nul, oui, juste nul ! Nul comme se retrouver prisonnier du ventre d'une grosse baleine baveuse sans pouvoir rien faire !

« Pour l'instant, j'y suis bien accroché au cheval, alors ne me mets pas trop vite sous ses sabots, s'il te plaît. Je compte pas atterrir dessous ! Et j'ai beaucoup réfléchi avant de partir ! »lâcha-t-il un peu excédé.

Bon, il ne savait pas mentir, donc sa tirade était nettement moins crédible que ce qu'il pensait... Il avait pensé au minimum, à la survie, il avait pris des vivres, de l'eau, de quoi chasser, de quoi se couvrir, mais prendre une carte, ça, il avait oublié. Quel crétin il faisait. Sorti du comté, il ne saurait pas le moins du monde par où il devait aller, lui qui n'avait jamais vraiment quitté son village, lui qui avait rarement dépassé les limites du royaume que dirigeait ce fantôme de Beast. Son géôlier avait raison, il devait réfléchir pour être efficace. C'était incompatible avec son caractère, avec son besoin d'action. Et puis, depuis le temps qu'il n'avait pas pu quitter le château ! Il se renfrogna, et finit par dire au miroir.

« Je m'arrête au prochain village. Il me manque quelques trucs. Et puis, le temps est trop peu clément... »

Il fit ralentir Sultan, maîtrisant un peu mieux sa monture, la calmant. Se calmant aussi. L'allure du cheval lui sembla plus agréable, il n'aimait pas vraiment le galop, au fond, il avait un peu peur de la chevauchée. Il voulait aller plus vite que ses moyens. Il devait se maîtriser. Plus pour eux que pour lui-même. S'il se mettait en danger, il les condamnait, c'était hors de question. Il sacrifierait son ego au bien-être de Beast. Au final, il était assez soumis. Soumis sans obligation. Soumis à cause de ce qu'il savait maintenant.

« Ne t'en fais pas pour moi, Beast. Mais veillez à votre sort. Je ne veux pas vous trouver mort. »murmura-t-il doucement, collant presque ses lèvres au miroir pour être sûr que Beast l'entende. Pour être sûr qu'il sache combien il tenait à lui.

Il effaça une dernière fois la neige du miroir, puis le rangea dans sa poche de veste. Avec précaution. Si ce miroir venait à se briser, ce serait son cœur qui partirait en mille morceaux.

"Tap Tap Tap" font mes pas

Alors j’allais vers les cuisines ? C’est vrai que ce n’était pas là bas que j’allais trouver de vrai vêtement. Non pas que le drap ne me plaise pas, mais j’avais connu mieux comme habits. Toujours assis, le collier dans mes mains, j’assistais plus que je participais à la discussion entre les deux tourtereaux. Bon, je ne sais pas vraiment s’ils sont ensemble, mais il y a de quoi se poser des questions à les entendre parler. Bon, je ne comprenais peut être pas tout, par le simple fait que je n’avais jamais vu la neige déjà, et j’avais comme l’impression d’être le boulet du jour. Et puis je suis plus un gosse, non mais ho ! Chez moi, j’ai l’âge adulte ! Est-ce que c’est le même qu’ici ? Je ne sais pas trop tiens… Mais dans tout les cas, je suis bien assez grand pour m’occuper de moi-même. J’aurais très bien pu les trouver moi-même ces chambres, mais je doute que se séparer soit la meilleur idée. Je ne veux pas que cela se passe comme dans les histoires d’horreur, quand le groupe se sépare pour trouver des indices, et paf, un se retrouve gobé par un cétacé ! Ou par un requin… Je ne suis pas fan d’histoire d’horreur non plus… Et je dois bien dire que je suis un peu trouillard dans les situations de ce genre. Et non, je ne suis pas un valeureux prince du fond des mers. Faut voir ça avec mon frère ainé.

« Je ne suis plus un gosse je te signale ! »

Belle n’apparaissait plus sur le miroir. La communication était coupée. Me revoilà avec la grande bête maintenant. En priant pour que sa colère ne revienne plus.

« Alors, on va à l’étage ? Ou on attend ? »

Sans en dire plus, je remettais mon collier, et attendait de voir ma queue de poisson se diviser en deux et devenir deux frêles jambes humaines. Je vais encore avoir du mal à m’y faire moi, tiens. M’appuyant encore contre mon très cher mur adoré, je me relevais lentement. Il n’y a pas à dire, c’est dans l’eau que je me sens le mieux. Remettant un peu mieux le drap sur mes épaules, je me préparais à faire demi-tour, vu que de toute façon, d’après Beast, j’allais vers les cuisines. J’y retournerais plus tard, histoire de remplir mon petit estomac qui n’allait pas tarder à crier famine Après le froid, la fin, manquerait plus que la soif tiens. Mais cela serait le comble pour un poisson de mourir de soif. Je lançai un signe de tête vers la bête, pour savoir s’il était prêt à y aller. D’un autre coté, je ne voyais pas trop ce qu’il allait faire dans ce couloir sinon. Je me demande si Belle nous reparlera grâce à un miroir. Il avait l’air assez sympathique, ce qui contraste avec Beast. Comment font-ils pour s’entendre et vivre ensemble ces deux là ? Il vaut peut être mieux éviter de demander, c’est peut être un sujet fâcheux entre eux, vu leur conversation.…

Belle disparait alors dans une vision floue. Je m'inquiète pour lui. J'espère que tout ira bien. Je reviens à la réalité après que 'Ariel' n'ouvre la bouche. Je l'avais oublié... Et en plus j'ai dis à Belle que je m'occuperais de son cas... Il faut que je sois gentil. Je dois prouver à Belle que je peux l'être... ça me force énormément cela dit, un monstre qui essaye d'être gentil c'est pas forcément crédible. Qu'est-ce qu'il faut pas faire pour qu'il veuille bien rester au château celui-là... Ce ne sera pas de la gentillesse naturelle certes mais... Peut-être que si je fais des efforts... Tiens d'ailleurs elle disait quoi à ce sujet ma malédiction ? Enfin bref, après ses quelques secondes plongées dans mes pensées à ne plus rien de tout écouter de ce que me dit le poisson-nudiste, je reviens sur terre et prends directement les devants, ignorant complètement ses paroles.

"Bon qu'est-ce que tu attends ? Tu compte rester longtemps comme ça ? Mets donc ce collier si tu veux pas que je t'abandonne ici au premier pervers qui passera. T'as entendu Belle ? Il a dit qu'on étaient pas seul !"

Je commence alors à me retourner et à faire quelques pas d'un geste nonchalant, ignorant toutes ses paroles une nouvelle fois, attendant que le môme n'ait remis son collier. En plus ça me fera des vacances ! Je jette un œil derrière moi, il a remis son collier et s'est relevé. Je commence à repartir l'invitant à me suivre. J'ai toujours Belle dans la tête, je suis très inquiet pour lui et espère vraiment avoir bientôt de ses nouvelles. Qui sait à quelle distance il se trouve du prochain village ?

Nous avançons toujours dans les couloirs sombres et lugubres du château, sans un bruit, j'étais à moitié perdu dans mes pensés. Nous montons alors des escaliers en colimaçons avec de simples meurtrières pour y faire passer la lumière, ne voyant à l'horizon que des plaines sans fin et pas la moindre trace de neige. Je fais une halte devant l'un d'elles quelques instants espérant apercevoir quelque chose, mais rien. Nous continuons alors notre route et je m'arrête devant une porte au deuxième étage. Je l'ouvre et une chambre apparait devant nous, j'ouvre un placard et désigne silencieusement un tas de vêtement à Ariel. Je le laisse seul et sort de la pièce sans un mot refermant la porte derrière moi. Je me laisse ensuite glisser contre le mur regardant dans le vide en face de moi. Je crois que je ne me suis jamais autant fait de soucis pour quelqu'un de ma vie entière.

» [Miroir] Malheur en cuisine [End]
» [Miroir] Contact d'Outre-Tombe... Ou presque.