Bon.
Ils étaient vraiment dans le caca là.

Un peu plus tôt dans la journée… Dans la nuit plutôt, Alice et Cheshire avaient dormis dans une auberge bien sympathique de Wonderland pour repartir aussitôt le lendemain matin. Comme à leurs habitudes, ils n’avaient divulgués ni leur vrai prénom, ni leur réelle identité et s’étaient faits passer pour de simples habitants. La question était : comment s’étaient-il faits repérer ? Elle aurait parié que son ami avait dû lâcher leur prénom alors qu’il allait faire du charme à quelques belles filles du coin. Mais comme il lui avait affirmé du contraire, elle n’avait aucune raison de ne pas le croire. Seulement, voilà, c’était étrange quand même.
Parce que, alors qu’ils dormaient bien tranquillement dans un lit et que la jeune fille tenait affectueusement son compagnon, qui était sous sa forme féline, dans ses bras, des bruits de pas lourds et précipités s’étaient faits entendre. Les deux jeunes gens s’étaient réveillés en sursaut, mais n’avait pas eu le temps de réagir. Ils avaient été capturés par des cartes.
Des cartes. Autrement dit… les gardes de la Reine de Cœur.
La jeune fille avait reçu un coup sacrément douloureux derrière la tête et s’était évanouie, ne comprenant pas vraiment ce qu’il s’était passé sur le coup. Elle ignorait même si camarade s’était fait prendre avant ou après elle. C’a été simplement le trou noir.

Et là ?
Elle venait de se réveiller.
Elle avait l’impression que des tambours résonnaient dans sa tête, et pas qu’un peu. Elle se frotta d’abord les yeux pour rétablir une vision correcte de ce qui l’entourait, puis se redressa progressivement en passant la main sur le point douloureux de son crâne. Elle regarda autour d’elle d’un œil intrigué, encore incapable de se creuser la tête afin de comprendre pour quelle raison elle ne se trouvait plus dans l’auberge dans la dernière soirée.
Devant elle se dressaient des barreaux de fer à l’aspect rouillés mais costauds. Elle était appuyée sur un mur froid et dur et assise sur un tas de paille peu confortable pour son derrière. Autour d’elle, tout n’était que poussière et saleté.

Puis elle se souvint de ce qui s’était passé.
L’adolescente se redressa d’un bond et chercha des yeux Cheshire, affolée. Elle le repéra dans un coin de la cellule, allongé sur le sol. Elle se précipita à ses côtés et se pencha au dessus de lui en tenant sa chevelure argentée d’une main afin qu’elle ne retombe pas sur le visage de son ami. Elle tendit l’oreille à sa respiration, qu’elle identifia comme régulière et profonde. Elle poussa un long soupir rassuré. Il dormait simplement. Elle parcourut son corps du regard à la recherche d’une éventuelle blessure, heureusement sans succès.
Bon, il allait bien, c’était le principal.
Après une brève hésitation, la demoiselle posa la main sur l’épaule du chat et le secoua très légèrement, avec toute la douceur du monde, comme si elle craignait de lui faire mal avec un tel geste.

« Cheshire… Réveille-toi ! »

Elle espérait qu’il se réveille. Un souhait pour le moins égoïste, car il comprendrait également, et sûrement avec stupeur, qu’ils étaient tous deux enfermés dans un cachot du Château de Carte. Mais elle ne voulait pas attendre simplement l’arrivée des gardes toute seule. Elle détestait être seule. Et ce vide était aisément comblé par la présence de son précieux ami à ses côtés… Seulement, ceci ne les aiderait pas à s’échapper.
Elle ne doutait pas une seule seconde que leur tête allait bientôt être coupées sur ordre de la Reine de Cœur s’ils ne sortaient pas d’ici rapidement. Elle porta un ongle à ses lèvres et le mordilla nerveusement. Elle ne voyait aucune issue de secours.